"Je ne crains pas les prussiens mais les mauvais catholiques"

Méditation de Mgr de Rochebrune


Mgr Antoine de Rochebrune est le Vicaire de la prélature de l’Opus Dei en France depuis 1999. Né en 1964 et ingénieur de formation, il a été ordonné prêtre en 1995. Il est docteur en théologie dogmatique (Université Pontificale de la Sainte Croix).

On raconte qu’à l’approche des Prussiens, en 1870, quelques personnes effrayées rendirent visite à Sainte Bernadette Soubirous, retirée dans son couvent de Nevers, afin de recueillir d’elle confidences et réconfort. La Sainte Vierge aurait-elle dit quelque chose à Lourdes, au sujet de ces fameux Prussiens ? « Craignez-vous les Prussiens ? », lui aurait-on demandé. Il semblerait que sa réponse fût simple et lapidaire : « Je ne crains pas les Prussiens, je ne crains que les mauvais catholiques ».

Sans sombrer dans le pessimisme, avouons que la tiédeur de certains croyants, le manque de cohérence (dans les discours et dans les œuvres) de quelques autres, et leurs impardonnables abstentions peuvent être considérées comme une cause des malheurs qui frappent nos sociétés. « Ces crises mondiales sont des crises de saints », disait saint Josémaria Escriva.

Mais revenons 2000 ans plus tôt : qu’étaient les premiers chrétiens ? Pour la plupart, des hommes et des femmes inconnus, sans pouvoir, sans moyen. Mais ce sont eux qui ont évangélisé l’Europe, et ensuite le monde ! A nous d’actualiser ces époques !

Imaginons un instant que tous les catholiques de notre pays soient portés par la ferveur de la prière quotidienne et la fréquentation des sacrements de l’Église. Imaginons-les au service de l’éducation, du dialogue, de la paix et de l’harmonie dans les relations humaines. Imaginons-les au service des plus démunis, des personnes fragiles. Imaginons qu’ils soient fidèles à ce commandement toujours nouveau du Seigneur : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13,34).

Les statistiques disent que les catholiques représenteraient environ 60% de la population française. Cette variété que l’on entrevoit derrière ce chiffre constitue sans doute un espoir. Ce n’est évidemment pas en termes de pouvoir, d’engagement politique ou de militantisme que tous doivent agir. C’est d’abord sur le plan spirituel que nous devons nous réveiller.

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » dit le Seigneur dans l’évangile. La très belle prière que nous propose cette neuvaine est sans doute le plus beau service que nous pouvons rendre à notre pays. Prions pour nos dirigeants, nos voisins, nos amis… mais prions en famille, ou entre amis, pour que le Seigneur nous écoute et nous inspire.

Appelés à être saints, nous le sommes également à être apôtres, à être semeurs de paix et de joie partout où nous sommes, au travail ou en famille.

Si nous sommes convaincus que nos proches, ceux que nous aimons, ont besoin de connaître le message du Christ, il nous sera facile de leur parler et de leur annoncer la bonne nouvelle.

Dans l’élan de prière qui est le nôtre à l’occasion de cette neuvaine pour notre pays, confions à la Sainte Vierge le réveil spirituel de tant et tant de baptisés.

Ainsi que le dit Saint Josémaria dans Sillon : « Le Christ a besoin d’anticonformistes, de rebelles de l’Amour ! »