Les fioretti du pape François - mai 2016

La prière n'est pas une baguette magique [...] Mords ta langue ! Elle gonflera un peu, mais ton esprit sera plus saint [...] On ne va plus chercher les esclaves en Afrique [...] Considérer les religions comme une sous-culture ?[...] Le cléricalisme est un péché qui se commet à deux, comme le tango [...] L’Esprit Saint, prisonnier de luxe [...] Ne soyons pas des momies spirituelles [...] Dieu ne connaît pas notre culture actuelle du déchet.

Audience générale, 25 mai 2016 : La prière n’est pas une baguette magique !

 

« Jésus exhorte à prier ‘sans se lasser ‘. Nous éprouvons tous des moments de fatigue et de découragement, surtout quand notre prière semble inefficace. Mais Jésus nous assure : à la différence du juge malhonnête, Dieu exauce promptement ses enfants, même si cela ne signifie pas qu’il le fait dans les temps et de la manière que nous aimerions. La prière n’est pas une baguette magique ! Elle aide à conserver la foi en Dieu, à nous confier en lui, même quand nous ne comprenons pas sa volonté. En cela, Jésus lui-même – qui priait beaucoup ! – est pour nous un exemple. La Lettre aux Hébreux rappelle que ‘pendant les jours de sa vie dans la chair, il offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect’ (5,7). »

 

À Sainte Marthe, le 24 mai 2016 :  Mords ta langue ! Elle gonflera un peu, mais ton esprit sera plus saint

 

« La conversion, tous les jours […] Si tu es capable de ne pas dire du mal d’un autre, tu es sur le bon chemin pour devenir saint. C’est si simple ! Je sais que vous ne dites jamais du mal des autres, non? Des petites choses … ‘Je veux critiquer un collègue de travail’ : mords ta langue un peu. Elle gonflera un peu, ta langue, mais ton esprit sera plus saint sur ce chemin. […] La sainteté est un chemin, elle ne peut s’acheter, elle ne peut se vendre. La sainteté est un chemin en présence de Dieu que je dois faire moi-même. Personne d’autre ne peut le faire en mon nom. Je peux prier pour que l’autre soit saint, mais le chemin, c’est lui qui doit le faire, pas moi. Cheminer en présence de Dieu, de façon irréprochable. » […] Le Règne des cieux de Jésus est pour ceux qui ont le courage d’aller de l’avant ».

 

 À Sainte-Marthe, le 19 mai 2016 : On ne va plus chercher les esclaves en Afrique

 

« Nous avons pensé que les esclaves n’existaient plus : ils existent. Il est vrai que les gens ne vont pas les prendre en Afrique pour les vendre en Amérique: non. Mais c’est dans nos villes. Et il y a ces trafiquants, ceux qui traitent les gens avec le travail sans justice. » Ainsi « l’exploitation des personnes, le sang de ces personnes exploitées qui deviennent des esclaves ». Il y a « des trafiquants, et non pas seulement ceux qui s’occupent des enfants et des prostituées, mais des trafiquants davantage, disons-le comme ça, civilisés.»

 

Interview à La Croix, 16 mai 1992 : Considérer les religions comme une sous-culture ?

 

Un État doit être laïque. Les États confessionnels finissent mal. Cela va contre l’Histoire. Je crois qu’une laïcité accompagnée d’une solide loi garantissant la liberté religieuse offre un cadre pour aller de l’avant. Nous sommes tous égaux, comme fils de Dieu ou avec notre dignité de personne. Mais chacun doit avoir la liberté d’extérioriser sa propre foi. Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix. On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture.

 La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité. Cela provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. Je crains que cette approche, qui se comprend par l’héritage des Lumières, ne demeure encore.

 La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous.

 

 

Interview à La Croix, 16 mai 1992 : Le cléricalisme est un péché qui se commet à deux, comme le tango

 

« C’est l’Esprit Saint le protagoniste de ce que fait l’Église, son moteur. Trop de chrétiens l’ignorent. Un danger à l’inverse pour l’Église est le cléricalisme. C’est un péché qui se commet à deux, comme le tango ! Les prêtres veulent cléricaliser les laïcs et les laïcs demandent à être cléricalisés, par facilité. À Buenos Aires, j’ai connu de nombreux bons curés qui, voyant un laïc capable, s’exclamaient aussitôt : « Faisons-en un diacre ! » Non, il faut le laisser laïc. Le cléricalisme est en particulier important en Amérique latine. Si la piété populaire y est forte, c’est justement parce qu’elle est la seule initiative des laïcs qui ne soit pas cléricale. Elle reste incomprise du clergé. »

   

À Sainte Marthe, le 9 mai 2016 : L’Esprit Saint, prisonnier de luxe

 

« Dans notre vie, l’Esprit Saint peut être dans nos cœurs comme un ‘prisonnier de luxe’. Nous ne le laissons pas nous pousser, nous ne le laissons pas nous donner une impulsion. […] L’Esprit Saint sait tout. Il sait nous rappeler ce qu’a dit Jésus. Il sait nous expliquer les choses de Jésus. Il n’y a qu’une chose que l’Esprit Saint ne sait pas faire : le chrétien de salon. […] Il ne sait pas faire le chrétien ‘virtuel’ et non-vertueux. Lui produit de vrais chrétiens, il prend la vie comme elle est, avec la prophétie de savoir lire les signes des temps, et il nous porte ainsi de l’avant. Il est le grand prisonnier de notre cœur. Nous disons : il ‘est’ la troisième Personne de la Trinité, et on en finit là… […] L’Esprit Saint qui est en moi, me pousse à sortir ou ai-je peur ? Comment est mon courage, celui que l’Esprit m’a donné pour sortir de moi-même et témoigner de Jésus. Comment est ma patience dans l’épreuve ? Parce que c’est également l’Esprit Saint qui donne la patience».

 

 À Sainte Marthe, le 5 mai 2016 : Ne soyons pas des momies spirituelles

 

« La vie de la foi est un voyage, et le long de ce chemin, nous pouvons rencontrer différents types de chrétiens: «les momies, les vagabonds, les obstinés, ceux de transition, ceux qui s’extasient devant une belle vue et restent plantés là, ceux qui, pour une raison ou une autre, ont oublié que le seul droit chemin, c’est Jésus.» ‘Je suis le chemin. Qui me voit a vu le Père (Jn 14,6-14)’, dit-il à Thomas. […]

 Le chrétien qui ne marche pas, qui n’avance pas, est un chrétien non-chrétien. Il ne sait pas ce qu’il est. C’est un chrétien un peu paganisé: il est là, immobile, n’avance pas dans la vie chrétienne, il ne fait pas fleurir les Béatitudes dans sa vie, ne pas faire œuvre de miséricorde. Il est à l’arrêt. C’est une momie spirituelle, qui ne fait pas de mal, mais ne fait pas de bien non plus. […]

 Le pire, c’est celui qui est têtu et ne reconnaît pas qu’il s’est trompé de chemin, et même qui s’obstine en disant que ‘c’est celui-là le chemin’ et ne laisse pas la voix de Dieu nous dire de retourner prendre le vrai chemin».

 Et il y a aussi les chrétiens « qui marchent mais ne savent pas où ils vont». Ceux-là, ce sont les «vagabonds », qui «errent dans la vie chrétienne, tournant ici et là, la vie devenant pour eux un labyrinthe. Ils passent à côté de la beauté de se rapprocher de Jésus, perdent le chemin font des tours et des tours, sans avoir de boussole. […]

 D’autres sont séduits, dans leur chemin, par une beauté, par quelque chose, et ils s’arrêtent au milieu du chemin, fascinés par ce qu’ils voient, par telle idée, telle proposition, tel paysage. Et il s’arrêtent ! Or la vie chrétienne n’est pas un enchantement : c’est vérité, c’est Jésus-Christ !». […]

 «Comment va mon cheminement chrétien, que j'ai commencé avec mon baptême? Me suis-je trompé de route? Est-ce que je m’arrête devant les choses que je préfère: la mondanité, la vanité ou est-ce que je vais toujours de l’avant, rendant concrètes les Béatitudes et les œuvres de miséricorde ? »

 

Audience générale, 4 mai 2016 : Dieu ne connaît pas notre culture actuelle du déchet

 

« Dieu est celui qui va à la recherche de ses enfants perdus, pour ensuite faire la fête et se réjouir avec tous de les avoir retrouvés». Chaque personne à ses yeux est très importante et en particulier « la plus nécessiteuse, la plus abandonnée, la plus rejetée », car Dieu ne connaît pas notre culture actuelle du déchet. […] Dieu ne rejette jamais personne. Il nous aime tous, il nous cherche tous. […] Le Seigneur va là où il veut nous rencontrer et non pas là où nous prétendons le trouver.