Aleteia, le 19 juin 2016
L’angélus sonne encore à nos clochers. La piété catholique traditionnelle s’est habituée à cette heure particulière. Cette dévotion en l’honneur du mystère de l’Incarnation, qui prend racine en plein Moyen Âge, trouve son origine dans la tradition franciscaine.
Au son de la « cloche de l’Angélus », au moment de la pause du matin, les chrétiens vénéraient la Vierge Marie en récitant trois Ave Maria entrecoupés par trois versets de la Bible. Le premier dit : « L’ange du Seigneur porta l’annonce à Marie. Et elle conçut du Saint-Esprit ».
Puis : « Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon votre parole ». Et on termine par un dernier verset : « Et le Verbe s’est fait chair. Et Il a habité parmi nous ».
On récite les versets bibliques, généralement sous forme de dialogue. Celui qui guide la prière récite la première moitié et la communauté répond par l’autre moitié. Après chaque verset, on prie un Je vous salue Marie. Pendant le temps pascal, on modifie les versets et cette dernière prière mariale est omise.
Protection de la Vierge contre les musulmans
Par la suite, on commença à réciter la prière plus d’une fois, à midi aussi. Et plus tard encore, au XIVe siècle, l’angélus est également prié à la tombée du jour. Ensuite, les trois étapes ont été établies : 6 h, 12 h et 18 h. Au XVe siècle, le pape Calixte III remarqua que l’appel à la prière de l’angélus avec la sonnerie de la cloche ressemblait à la coutume des musulmans qui entendent le même appel à la prière du haut des minarets. En ce temps de guerre contre les Turcs, il établit alors le lien entre les deux prières – chrétienne et musulmanes – et prescrivit l’angélus à Rome afin d’obtenir la protection la Vierge dans le combat contre ces ennemis de la foi catholique.
Saint Pierre Canisius, avec son Manuel des catholiques, a universalisé cette pratique dans le christianisme. Les derniers Papes, surtout à partir de Pie XII, ont mis à l’honneur cette prière, si bien qu’aujourd’hui, à l’heure de l’angélus, en particulier à midi, il y a toujours des foules nombreuses sur la place Saint-Pierre. Et quand le Pape est à Rome, il apparaît parfois à la fenêtre de son bureau pour réciter l’angélus avec les fidèles, leur adresser quelques mots et conclure avec eux la bénédiction.
Paul VI, dans une encyclique mariale, encourage à conserver le pieux exercice de l’angélus. Le caractère simple, biblique et de longue tradition historique, renforce la valeur de cette prière.
L’iconographie sacrée connaît le célèbre tableau dans lequel des paysans pieux se découvrent, s’inclinent pour prier l’angélus, à la fin de la journée de travail.
Manzoni, célèbre écrivain italien décrit avec des accents émouvants ce moment de dévotion populaire :
Quand surgit et que tombe le jour
Et quand le soleil à mi-chemin le divise
Le bronze te salue, et invite la foule pieuse à t’honorer.
S’alléger l’esprit du poids du travail quotidien
Les villes modernes peuvent difficilement faire tinter les cloches, afin de ne pas interférer dans la vie sociale, désormais régie par d’autres critères. Mais plusieurs radios jouent encore à 18 h l’une ou l’autre des célèbres mélodies de l’Ave Maria, afin que le fidèle puisse prier l’angélus. À la fin de la journée, une touche religieuse repose le corps et l’esprit, au milieu du tumulte d l’agitation urbaine. Pendant que la société laïque propose des techniques de relaxation, la piété populaire a créé des moments de silence et de contemplation. L’esprit s’allège du poids du travail quotidien pour se perdre pendant un moment dans le mystère. Celui-ci s’éclaircit dans la prière de l’angélus, à bien des égards.
Le contenu de la prière est le mystère de l’Incarnation. La visite de l’ange Gabriel annonçant le plan de l’Incarnation et du fiat de Marie est rappelée, par la répétition des versets de l’Écriture. Au centre, figure la personne du Verbe fait chair, mais l’attention se tourne également vers la Vierge Marie qui est devenue la figure féminine, symbole de la piété et la beauté religieuse. Et enfin les Je vous salue Marie chantés ou orchestrés sont de compositeurs célèbres, dont la mélodie nous transporte. Autant de facteurs qui font de ce moment une expérience de paix et de religiosité.