La correction fraternelle : St Josémaria

La pratique de la correction fraternelle — qui plonge ses racines dans l'Evangile — est une manifestation de confiance et d'affection surnaturelle. Sois donc reconnaissant quand tu la recevras, et ne cesse pas de la pratiquer à l'égard de ceux qui t'entourent. (Forge, 556)

Soyez prudents et agissez toujours avec simplicité, vertu si familière au bon enfant de Dieu. Montrez-vous naturels dans votre langage et dans votre comportement. Allez au fond des problèmes; ne restez pas à la surface des choses. N'oubliez pas qu'il faut envisager par avance la peine des autres et la nôtre si nous voulons vraiment nous acquitter saintement et honnêtement de nos obligations de chrétien..

 

Je ne vous cacherai pas que, lorsque je dois corriger ou prendre une décision qui causera de la peine, je souffre avant, pendant et après. Et je ne suis pas un sentimental. Je me console à la pensée que seules les bêtes ne pleurent pas: nous les hommes, nous les enfants de Dieu, nous pleurons. Je suis sûr que vous aussi, dans certaines circonstances, vous aurez à passer un mauvais moment si vous vous efforcez de mener fidèlement à bien votre devoir. Il est vrai qu'il est plus facile d'éviter à tout prix la souffrance sous prétexte de ne pas faire de la peine à son prochain. Mais quelle erreur ! Cette inhibition cache souvent le désir honteux de ne pas souffrir car, d'ordinaire, il n'est jamais agréable de faire une remarque sévère. Rappelez-vous, mes enfants, que l'enfer est plein de bouches fermées.

 

(…) Pour soigner une blessure, d'abord on la nettoie bien, tout autour et sur une assez grande surface. C'est douloureux; le chirurgien ne le sait que trop bien, mais s'il omet cette opération, ce sera encore plus douloureux par la suite. En outre on met immédiatement un désinfectant: cela cuit — cela pique, comme on dit —, cela fait mal, et pourtant on ne peut pas faire autrement si l'on veut que la plaie ne s'infecte pas.

 

Si, pour la santé du corps, il est évident que l'on doive adopter ces mesures, même s'il s'agit d'écorchures bénignes, que dire alors de la grande affaire de la santé de l'âme ! Aux points névralgiques de la vie d'un homme, imaginez combien il faudra laver, inciser, raboter, désinfecter, souffrir ! La prudence exige que nous procédions de la sorte et non que nous fuyions notre devoir; biaiser en cette matière serait faire preuve d'un manque d'égards évident et même attenter gravement à la justice et à la force d'âme. (Amis de Dieu, nos 160-161)

 

Ne néglige pas la pratique de la correction fraternelle, qui est une manifestation évidente de la vertu surnaturelle de la charité. Il en coûte! Il est tellement plus facile de ne rien faire. C'est plus facile! Mais ce n'est guère surnaturel. -Et de ces omissions, tu devras rendre compte à Dieu. (Forge, 146)

 

(…) C'est pourquoi, lorsque nous remarquons dans notre vie personnelle ou dans celle des autres quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui requiert le secours spirituel et humain que nous, les enfants de Dieu, nous pouvons et devons apporter, une manifestation claire de prudence consistera à appliquer le remède opportun, pleinement, avec charité et avec fermeté, avec sincérité. Il n'y a pas de place pour les inhibitions. Il est faux de penser que les problèmes se résolvent à force d'omissions ou de retards.

 La prudence veut que, chaque fois que la situation l'exigera, on ait recours au médicament, entièrement et sans palliatif, après avoir mis la plaie à nu. Dès que vous remarquez les moindres symptômes du mal, soyez simples, francs, aussi bien si vous devez soigner que si vous devez vous-mêmes être secourus. Dans ces cas-là, celui qui est en mesure de guérir au nom de Dieu doit pouvoir presser la plaie, de loin, puis de plus en plus près, jusqu'à ce que tout le pus en sorte, afin que le foyer d'infection finisse par être parfaitement propre. Nous devons agir de la sorte, en premier lieu envers nous-mêmes, et aussi envers ceux que nous avons l'obligation d'aider, pour des raisons de justice ou de charité: je prie particulièrement pour les pères et les mères de famille et pour ceux qui se vouent à des tâches de formation et d'enseignement. (Amis de Dieu, 157)