Une fois de plus, le changement d’année calendaire s’est accompli dans l’optimisme de rigueur, avec ses feux d’artifice et ses vœux traditionnels. Chacun les a exprimés, avec plus ou moins de conviction. Une jeune fille à qui l’on demandait, lors du réveillon du 31 décembre, quelles étaient ses résolutions pour la nouvelle année, répondit, désabusée : « je n’en prends plus car je n’en tiens jamais aucune » Effectivement, un regard lucide en arrière ne nous fait-il pas constater que nos progrès au cours des mois passés se sont révélés inconsistants, tandis que nos défauts, bien ancrés eux, sont toujours les mêmes ? « Avec le temps, on devient davantage ce que l’on est », reconnaissait un esprit sage. Néanmoins, la remise à zéro de notre compteur journalier a plus qu’une valeur symbolique : la vie chrétienne, en effet, ne consiste pas principalement en des résolutions pratiques – celles-ci n’engagent pas le tissu profond du cœur -, mais en une orientation positive de tout notre être vers Dieu. C’est surtout dans cette optique qu’il convient de progresser pour changer en profondeur.
La fête du baptême du Seigneur vient de nous le rappeler : Celui-ci est mon fils bien-aimé ! Ces paroles du Père éternel s’adressent à nous, enfants adoptifs, autant qu’à Jésus. Sur la base de mon identité de chrétien, je peux donc changer, en dépit de mes limites, et devenir autre si, avec l’aide de la grâce, je donne la réplique à la voix du ciel, je cherche le face-à-face, je nourris l’échange : Le souverain bien réside dans le dialogue avec Dieu, il procède d’une intime union à lui : et, de même que les yeux du corps s’illuminent lorsqu’ils contemplent la lumière, de même, l’âme orientée vers Dieu est illuminée de sa lumière ineffable (Saint Jean Chrysostome). Aussi ne faut-il que prier. Mais avec une prière qui soit vie, qui repose sur la base la plus large : On prie avec ses lèvres, on prie avec son esprit, on prie avec ses œuvres (Saint Josémaria Escriva).