Dieu ne se lasse jamais de pardonner

La confession fréquente

« Dieu qui donnes la preuve suprême de sa puissance, lorsque tu patientes et prends pitié, sans te lasser, accorde-nous ta grâce : en nous hâtant vers les biens que tu promets, nous parviendrons au bonheur du ciel. » (Missel Romain, Prière, 26ème dimanche du temps ordinaire (Année A)).

La liturgie de l’Eglise nous fait considérer que la toute-puissance divine, en plus de se manifester dans la grandeur de la création et dans les prodiges et les miracles accomplis par le Christ, se révèle spécialement dans sa capacité infinie de pardonner : aucune offense ne saurait endurcir son Cœur, toujours ouvert à la miséricorde. Saint Josémaria en était bien conscient : Un Dieu qui nous tire du néant, qui crée, c’est quelque chose d’impressionnant. Et un Dieu qui se laisse clouer avec les clous au bois de la croix, pour nous racheter, est tout Amour. Mais un Dieu qui pardonne, est père et mère cent fois, mille fois, un nombre infini de fois.

 

Rencontrer Jésus-Christ

Les pages de l’Evangile témoignent du souci constant de Jésus de manifester sa miséricorde : la paralytique que quelques amis descendent par le toit (Cf Lc 5,20), la pécheresse chez Simon le pharisien (cf Lc, 7,47) et la femme surprise en adultère (cf Jn 8,21) ont eu droit à une compréhension et à un pardon dépassant toute attente. Ces personnages ont rencontré celui que le Père avait envoyé pour réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. (Col 1,20).

La mission de Jésus de réconcilier les hommes avec Dieu se prolonge dans l’Eglise. Notre Seigneur a dit aux apôtres le jour triomphal de sa Résurrection : Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20, 22-23).

 

La joie de la miséricorde

La miséricorde de Dieu souhaite atteindre tous les hommes et les femmes du monde. Dans le sacrement de pénitence nous bénéficions du pardon du Seigneur, tout comme le paralytique de Carpharnaüm et la femme adultère. Nous nous identifions

ainsi aux principaux protagonistes des paraboles les plus touchantes que l’évangéliste saint Luc nous a transmises : le fils prodigue et le voyageur tombé entre les mains des brigands et secouru par le bon samaritain. Soyons-en sûrs, dans chaque confession Jésus nettoie nos blessures, grandes ou petites, nous soulage avec l’huile de l’espérance et assume les dépenses de notre récupération.

La confession fréquente est une pratique bien ancrée dans la tradition de l’Eglise qui a porté de grands fruits de sainteté. Elle manifeste le désir d’écarter tout ce qui pourrait refroidir l’amour de Dieu et de bénéficier du caractère thérapeutique du sacrement, le désir aussi de vouloir être un apôtre parmi ceux à qui Jésus lave les pieds. Peu importe que sur nos pieds les tâches soient solidement incrustées ou qu’elles se limitent à la poussière du chemin, c’est toujours le Christ qui nous lave. Dès lors, comme il est logique que l’âme ressente le besoin d’avoir régulièrement recours à cette rencontre purificatrice ! Quel dommage de la négliger par commodité ou par désordre, en fin de compte, par manque d’amour ! En revanche, chaque fois que nous nous approchons du sacrement du pardon, c’est comme si nous disions à Dieu : « Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières, j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs. » (Pape françois. Exhort apost. Evangelii gaudium, 24 novembre 2013, n°3).

C’est pourquoi, l’Eglise recommande vivement la confession habituelle, parce qu’elle « nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme lui. »

(CEC n° 1458)

En ce sens, le pape François nous encourage à accourir souvent à ce sacrement, sans que l’expérience constante de notre petitesse soit un motif de découragement. Juste avant son premier Angélus comme souverain pontife, place saint Pierre, il rappelait par les propos bien connus que « Dieu ne se fatigue jamais de nous pardonner, jamais ! » « Eh, mon père, quel est le problème ? » Eh, le problème est que nous, nous nous fatiguons ! Nous ne voulons pas ! Nous nous fatiguons de demander pardon ! […] Lui est le Père plein d’amour qui toujours pardonne, qui a ce cœur de miséricorde pour nous tous » (Pape François, Angélus, le 17 mars 2013).

Lorsque nous savons ouvrir l’âme avec simplicité et régularité, en

faisant aussi état de nos récidives, nous touchons du doigt la proximité de

Dieu : le désir d’un Père de toujours être près de son fils.

 

Des forces pour repartir

Il est significatif que Benoît XVI ait dit à des enfants qui se préparaient à recevoir la première communion : « Il est vrai que nos péchés sont généralement toujours les mêmes, mais nous nettoyons bien nos maisons, nos chambres, au moins chaque semaine, même si la saleté est toujours la même. Pour vivre dans la propreté, pour recommencer : autrement, la saleté ne se voit peut-être pas, mais elle s’accumule. Un processus semblable est également vrai pour l’âme, pour moi-même, si je ne me confesse jamais, l’âme est négligée et, à la fin, je suis toujours content de moi et je ne comprends plus que je dois aussi faire des efforts pour devenir meilleur, que je dois aller de l’avant. Et ce nettoyage de l’âme, que Jésus nous donne dans le sacrement de la Confession, nous aide à avoir une conscience plus nette, plus ouverte et, aussi, à mûrir spirituellement en tant que personne humaine. Il y a donc deux choses : se confesser n’est nécessaire qu’en cas d’un péché grave, mais il est très utile de se confesser régulièrement pour cultiver la propreté, la beauté de l’âme et mûrir peu à peu dans la vie. » (Benoît XVI, Rencontre de catéchèse avec les enfants qui ont effectué leur première communion au cours de l’année, 15 octobre 2005). La confession, par conséquent, agit comme une lumière et comme une force pour combattre les penchants qui nous tirent vers le bas : la grâce sacramentelle et une généreuse satisfaction du pénitent ont un caractère médicinal et guérissent en partie les traces que le péché laisse toujours dans l’âme. Recourez toutes les semaines […] au saint sacrement de la Pénitence, au sacrement du pardon divin. Revêtus ainsi de la grâce, nous franchirons les montagnes et nous gravirons, sans nous arrêter, les pentes raides de notre devoir chrétien. (Amis de Dieu, n°219)

En même temps, nous savons que nous ne sommes pas seuls dans notre lutte pour répondre à l’amour de Dieu. La décision de quelqu’un de se convertir ou de s’éloigner de Dieu se répercute sur les autres membres du Corps du Christ. Dans la parabole du fils prodigue, il est facile d’imaginer, par exemple, l’impact que son départ a eu sur les autres : les jours qui ont suivi il y a certainement eu des mines allongées, les journaliers ont éprouvé de la peine en voyant le père attendre son fils jour après jour, le travail était plus pénible et, peut-être, sous le poids d’un certain découragement, les propos échangés se font plus rares au quotidien. Saint Luc dit plus loin qu’au retour du fils à la maison, ils se mirent à festoyer (Lc 15,24). La fête pour la conversion du fils a gagné le foyer paternel tout entier. Les serviteurs ont fait la joie du père et, maintenant, n’importe quelle tâche domestique leur semble plus facile et supportable. Il est sûr que le retour inopiné du fils a entraîné une certaine précipitation dans la préparation de la fête. Cependant, nous imaginons les serviteurs heureux de suivre les demandes du père de famille : Vite, apportez la plus belle robe et l’en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! (Lc 15, 22-24)

 

Une aide pour arriver à bon port

Chaque jour, je prie notre Mère pour que nous sachions ouvrir notre âme dans la direction spirituelle, et la lumière de la grâce éclairera toute notre conduite ! (Sillon, n°339)

La confession fréquente constitue une forme de direction et d’accompagnement spirituel, surtout si nous nous adressons habituellement au même ministre du sacrement, ce qui, dans le respect de la totale liberté dont jouit chaque fidèle, est fort recommandable. Ce confesseur, en connaissant petit à petit l’âme du pénitent, son caractère et ses circonstances familiales,

de travail et de santé, est à même de lui donner le conseil opportun, de l’encourager dans la lutte et de former sa conscience. De plus, la fréquence de l’examen préalable à la confession nous aide à affiner le jugement de notre comportement, nous pousse à chercher des orientations et fait grandir en nous l’humilité et la douleur d’amour. C’est pourquoi, saint Josémaria donnait ce conseil ; Préparez votre confession hebdomadaire et faites-la avec une grande délicatesse. Quant à moi, j’éprouve une grande joie d’accourir à ce moyen de la grâce, parce que je sais que le Seigneur me pardonne et me remplit de force. Avec la pratique pieuse de la confession sacramentelle, j’en suis persuadé, l’on apprend à avoir plus de douleur et, donc, plus d’amour. (Seul avec Dieu, n° 259)

Il convient, donc, que l’examen aide à pénétrer jusqu’à la racine des péchés et des fautes pour déceler ce qui peut offenser Dieu et nous éloigner de lui, même s’il s’agit de petites choses. La pratique de faire un court examen de conscience en fin de journée se révèle fort utile. Constatant une faute, nous pouvons nous dire, par exemple : cela je vais le dire en confession, et nous nous remplissons d’espérance en sachant que la grâce sacramentelle nous aidera à affronter la lutte dans le domaine où nous avions essuyé une défaite. L’effort fait pour l’examen, joint à la lumière de l’Esprit Saint et à la componction, ouvre aussitôt l’âme à la grâce qui commence déjà à guérir et à fortifier.

Sur le chemin vers la sainteté, c’est en effet le Paraclet divin qui s’occupe de graver progressivement en nous les traits du visage du Christ et qui nous aide à retrouver la ressemblance divine perdue par le péché. C’est lui qui nous suggère de vivre avec régularité la confession de nos péchés, qui nous y pousse et nous fait expérimenter dans le sacrement la tendresse du Père, l’amour du Fils et la force de l’Esprit, plus puissante que tout péché.

De l’expérience de nos limites et d’un repentir sincère, l’Esprit Saint, pasteur de nos âmes (Quand le Christ passe, n°174), tire une plus grande humilité et la douleur d’amour qui nous font progresser dans la vie chrétienne : « Quand ce que tu as fait recommencera à te déplaire, alors tu commenceras à faire le bien, puisque tu accuses tes mauvaises œuvres. Le commencement du bien n’est autre chose que la confession du mal. Dès lors que tu fais la vérité tu viens à la lumière. » (Saint Augustin, In Ioannis Evangelium tractatus, 12, 13.) De plus, recevoir souvent le pardon divin nous conduit, en tenant la main de la Vierge Marie, Mater Misericordiae, à être nous aussi miséricordieux envers autrui, car cela nous fait ressembler à Dieu en ce qui manifeste le plus et le mieux son pouvoir : la capacité de pardon et de miséricorde.