Mt 8,5-11 : « Seigneur, je ne suis pas digne... »

Lundi de la 1ère semaine de l'Avent

En ce temps-là, comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et le supplia :

« Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement. »

Jésus lui dit : « Je vais aller moi-même le guérir. »

Le centurion reprit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »

À ces mots, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux. »

Commentaire 1

  • La joie de l’Avent. La joie de recevoir le Seigneur dans la sainte communion.
  • Seigneur, je ne suis pas digne
  • La préparation de l’âme et du corps pour recevoir dignement ce sacrement.
I. Le psaume 121, qu’on lit à la messe d’aujourd’hui, était l’un des chants des pèlerins qui approchaient de Jérusalem : Je me suis réjoui de cette parole qui m’a été dite : « Nous irons dans la maison du Seigneur. » Nos pieds se sont arrêtés sur tes parvis, ô Jérusalem[01].
Cette joie est aussi une image de l’Avent. Chaque jour qui passe est un pas de plus vers la célébration de la naissance du Rédempteur. C’est aussi l’image d’une autre joie, celle dont le cœur fait l’expérience quand il se prépare à la sainte communion.
Il est fréquent qu’à côté de cette joie, l’on se sente souvent indigne quand s’approche le moment de recevoir le Seigneur. Si l’on se décide à le faire, c’est parce qu’il a voulu précisément rester sous les apparences du pain et du vin, pour servir d’aliment, donc de force, pour les faibles et les malades. Oui, Jésus n’est pas resté parmi les hommes pour être la récompense des forts, mais le remède des faibles ! Et nous sommes tous plus ou moins faibles, nous sommes tous plus ou moins malades. Toute préparation est légère, toute délicatesse insuffisante pour recevoir le Christ, comme l’explique saint Jean Chrysostome aux fidèles d’Asie Mineure au IVe siècle : « N’est-ce pas absurde d’avoir tant de soin du corps lorsque, à l’approche d’une fête, tu prépares bien à l’avance un beau vêtement…, et tu te pares et tu t’embellis de toutes les façons possibles ! En revanche, tu n’as aucun soin de ton âme, abandonnée, sale, hâve, consumée de faim.[02] »
Se sentir parfois spirituellement froid ou physiquement sans envie, ce n’est pas une raison pour cesser de communier, car on peut sortir de cet état en faisant méritoirement des actes de foi, d’espérance et d’amour. Si c’est la tiédeur ou la routine qui se présentent, il dépend aussi de nous de retourner la situation, car l’aide de la grâce nous est toujours acquise. Il peut y avoir d’ailleurs d’autres causes de cet état, la fatigue par exemple, qui n’ont rien à voir avec la médiocrité spirituelle acceptée ou la routine grandissante. C’est plutôt celui qui ne se prépare pas, qui n’évite pas les distractions quand Jésus vient dans son cœur qui tombe dans la tiédeur. La tiédeur — aller communier en maintenant notre imagination ailleurs — consiste finalement à ne pas accorder d’importance au sacrement que l’on reçoit.
La réception digne du Corps du Seigneur est le meilleur moyen de faire grandir l’amour en soi : « Il y en a qui diront : pour cette raison, précisément, je ne communie pas plus souvent, parce que je me sens froid. (…) Et, parce que tu te sens froid tu veux t’éloigner du feu ? C’est précisément parce que tu sens ton cœur gelé que tu dois t’approcher plus souvent de ce sacrement, chaque fois que tu nourris un désir sincère d’amour de Jésus-Christ. Approche-toi de la communion, dit saint Bonaventure, même quand tu te sens tiède. Confie-toi entièrement à la miséricorde divine : plus on se sent malade, plus on a besoin du médecin.[03] » Quand tu penses que le Seigneur t’attend, n’as-tu pas envie de chanter joyeusement au plus intime de ton âme : Je me suis réjoui de cette parole qui m’a été dite : Nous irons dans la maison du Seigneur… ?
Le Seigneur se réjouit aussi quand il voit l’effort d’une bonne préparation pour le recevoir. Méditons donc maintenant sur les moyens et l’intérêt que nous mettons à préparer la sainte messe, à éviter les distractions, chasser la routine, à prolonger l’Eucharistie par une action de grâces intense ; ainsi la messe nous unira davantage au Christ toute la journée.
II. L’évangile de la messe recueille les surprenantes paroles d’un païen, d’un centurion de l’armée romaine qui occupait la Palestine. [04]
Ces paroles recueillies dans la liturgie depuis des temps très anciens, ont servi de préparation immédiate à la Communion aux chrétiens de tous les temps : Domine, non sum dignus — Seigneur, je ne suis pas digne…
Les chefs des juifs de la ville demandent à Jésus de soulager la souffrance de cet homme, en guérissant l’un de ses serviteurs qu’il aimait beaucoup et qui était sur le point de mourir[05]. Ils lui souhaitent cette faveur parce qu’il a construit généreusement leur synagogue.
Quand Jésus s’approche de la maison, le centurion prononce ces paroles qu’on répète à la messe, en disant âme au lieu de serviteur : Seigneur je ne suis pas digne que tu viennes dans ma maison, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Une seule parole du Christ a le pouvoir de guérir, de purifier, d’encourager et de remplir d’espérance !
Ce centurion est un homme profondément humble, généreux, compatissant, et qui, de plus, se fait une très haute idée de Jésus. Païen, il n’ose pas s’adresser personnellement au Seigneur, et il lui envoie d’autres personnes qu’il considère plus dignes d’intercéder pour lui. L’humilité fut, commente saint Augustin, « la porte par où le Seigneur entra en possession de celui qui la possédait déjà[06] ».
La foi, l’humilité et la délicatesse, intimement unies dans l’âme de cet homme… voilà pourquoi l’Église propose son exemple et ses paroles comme préparation pour recevoir Jésus dans la sainte communion : Seigneur, je ne suis pas digne…
C’est bien sûr une invitation non seulement à répéter ces paroles, mais à imiter ces dispositions de foi, d’humilité et de délicatesse. « Nous voulons dire à Jésus, disait le pape Paul VI, que nous acceptons sa visite singulière et imméritée, qu’il multiplie sur la terre, pour arriver jusqu’à nous, à chacun de nous, et lui dire aussi que nous nous sentons aphones et indignes de tant de bonté, mais heureux ; heureux de ce qu’il nous accorde à nous et au monde ; nous voulons lui dire aussi qu’un prodige aussi grand ne nous laisse pas indifférents et incrédules, mais qu’il met en nos cœurs l’enthousiasme joyeux, qui ne devrait jamais manquer aux vrais croyants.[07] »
Il est émouvant de remarquer comment le centurion de Capharnaüm est resté doublement uni au sacrement de l’Eucharistie ! D’une part, il l’est par les paroles que le prêtre et les fidèles disent avant de communier à la messe ; d’autre part, ce fut dans la synagogue de Capharnaüm, qu’il avait construite, que Jésus dit, pour la première fois que nous devons nous alimenter de son Corps pour avoir la vie éternelle en nous : Voici le pain qui est descendu du ciel, dit-il ; ce n’est pas comme vos pères, qui ont mangé la manne, et qui sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. Et saint Jean précise : il dit ces choses en enseignant dans la synagogue de Capharnaüm[08].
III. Que signifie, en premier lieu, bien se préparer ? Cela revient à donner la plus grande importance à l’état de grâce. Celui qui irait communier en état de péché mortel commettrait une grave offense, un sacrilège. Nous devons donc éviter de nous approcher pour recevoir le Seigneur quand nous avons un doute fondé d’avoir commis un péché grave par pensée, par parole ou par action : quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement sera coupable du corps et du sang du Seigneur. C’est pourquoi, continue saint Paul : Que l’homme donc s’éprouve lui-même, et qu’il mange ainsi de ce pain et boive à ce calice. Car quiconque mange et boit indignement mange et boit sa propre condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur[09].
« Il faut rappeler à celui qui communie librement le commandement : que l’homme s’éprouve lui-même (I Cor 11, 28). Et la pratique de l’Église déclare que cet examen est nécessaire pour que personne, conscient d’un péché mortel, si contrit se croit-il, ne s’approche de la sainte eucharistie sans l’avoir fait précéder de la confession sacramentelle.[10] »
« La participation aux bienfaits de l’eucharistie dépend en plus de la qualité des dispositions intérieures, car les sacrements de la nouvelle loi, en même temps qu’ils agissent ex opere operato, produisent un effet d’autant plus grand que les conditions dans lesquelles on les reçoit sont plus parfaites.[11] »
Voilà la source de cette préparation attentive de l’âme et du corps, qui passe par le désir de la purification ; un traitement délicat de ce saint sacrement, entouré de la plus grande piété possible. C’est cela qui rend si compréhensible l’effort pour vivre en présence de Dieu pendant la journée, pour accomplir le mieux possible ses devoirs quotidiens, pour dédommager le Seigneur quand on commet une faute, pour remplir la journée d’actions de grâces et de communions spirituelles. Il devient ainsi, peu à peu, habituel au sein du travail, de la vie de famille, des distractions et des loisirs, bref dans n’importe quelle activité, d’avoir le cœur dans le Seigneur.
En plus de ces dispositions intérieures et comme leur manifestation extérieure, il faut la participation du corps, qui se réalise par le jeûne prescrit et dans les attitudes — agenouillement, génuflexion, station debout… la manière digne et sobre de s’habiller, etc., des signes de respect et de révérence qui, pour beaucoup, rehaussent déjà naturellement les relations humaines.
Terminons notre prière en pensant à la manière dont Marie reçut Jésus après l’annonce de l’ange. Demandons-lui de nous apprendre à communier « avec la pureté, l’humilité et la dévotion » avec lesquelles elle le reçut dans son sein béni, « avec l’esprit et la ferveur des saints », même si nous nous sentons encore indignes et sans mérite.
[01] Ps 121, 1. 2.
[02] Saint Jean Chrysostome, Homélie 6 ; PG 48, 756.
[03] Saint Alphonse Marie de Liguori, L’art d’aimer Jésus-Christ 2.
[04]Mt 8, 5-13.
[05] Cf Lc 7, 1-10.
[06] Saint Augustin, Sermon 6.
[07] Paul vI, Homélie 25-5-67.[08] Jn 6, 58-59.
[09] 1 Cor 11, 27-28.
[10] Paul VI, Inst. Eucharisticum mysterium, 37.
[11] Saint Pie X, Decr. Sacra Tridentina Synodus, 20-12-1905.
Parler avec Dieu - Tome I - Editions du Laurier

Commentaire 2

À la rencontre de Jésus en baissant la garde
 
Laissons-nous rencontrer par Jésus « alors que nous baissons la garde, en étant ouverts », afin qu’il puisse nous renouveler du plus profond de notre âme. Telle est l’invitation du Pape François au début de ce temps de l’Avent adressée aux fidèles dans son homélie du 2 décembre. Le chemin que nous commençons ces jours-ci, a-t-il dit, est « un nouveau chemin d’Église, un chemin du peuple de Dieu, vers Noël. Et nous marchons à la rencontre du Seigneur ». Noël est une rencontre, pas seulement « une fête temporelle ou bien — a spécifié le Pape — le souvenir d’une belle chose. Noël est davantage. Nous empruntons cette route pour rencontrer le Seigneur ». Donc, au cours de la période de l’Avent, « nous marchons pour le rencontrer. Le rencontrer avec le cœur, avec la vie ; le rencontrer vivant, comme il l’est ; le rencontrer avec foi ». En vérité, ce n’est pas « facile de vivre avec la foi », a remarqué l’Évêque de Rome. Et il a rappelé l’épisode du centurion qui, selon le récit de l’Évangile de Matthieu (8, 5-11), se prosterne devant Jésus pour lui demander de guérir son serviteur. « Le Seigneur, dans la parole que nous avons écoutée — a expliqué le Pape — s’émerveilla de ce centurion. Il s’émerveilla de la foi qu’il avait. Il avait suivi un chemin pour rencontrer le Seigneur. Mais il l’avait fait avec foi. C’est pourquoi, non seulement il a rencontré le Seigneur, mais il a ressenti la joie d’être rencontré par le Seigneur. Et c’est précisément la rencontre que nous voulons, la rencontre de la foi. Rencontrer le Seigneur, mais nous laisser rencontrer par lui. Cela est très important ! ». Quand nous nous limitons seulement à rencontrer le Seigneur, a-t-il précisé, « c’est nous qui sommes — mais nous disons cela entre guillemets — les “maîtres” de cette rencontre ». Quand, en revanche, « nous nous laissons rencontrer par lui, c’est lui qui entre en nous » et qui nous renouvelle complètement. « Voilà, a réaffirmé le Saint-Père, ce que cela signifie quand le Christ vient ; refaire tout à nouveau, refaire le cœur, l’âme, la vie, l’espérance, le chemin ». Au cours de cette période de l’année liturgique, nous sommes donc en chemin pour rencontrer le Seigneur, mais aussi et surtout « pour nous laisser rencontrer par lui ». Et nous devons le faire avec le cœur ouvert, « pour que lui me rencontre, qu’il me dise ce qu’il veut me dire, qui n’est pas toujours ce que je veux qu’il me dise ! ». « Dans la prière au début de la messe, a rappelé le Pape, nous avons demandé la grâce de parcourir ce chemin avec plusieurs attitudes pouvant nous aider. La persévérance dans la prière : prier davantage. Le zèle dans la charité fraternelle : nous rapprocher un peu plus de ceux qui en ont besoin. Mais, a demandé le Pape en conclusion, « s’il vous plaît, qu’il nous rencontre alors que nous baissons la garde, en étant ouverts ! ».

 

Messe du Pape François à Sainte-Marthe, Lundi 2 décembre 2013

Commentaire 3

Une très belle surprise
 
L’année liturgique commence et avec elle l’itinéraire de l’Avent, chemin liturgique et chemin de vie pour tout chrétien, appelé à la « rencontre » avec Jésus. Dans la liturgie du premier dimanche de l’Avent, l’Église « a prié ainsi : “Ô Dieu, notre Père, suscite en nous la volonté d’aller à travers nos bonnes œuvres à la rencontre de ton Christ qui vient, afin qu’il nous appelle auprès de lui dans la gloire pour posséder le royaume des cieux”«. Telle est la requête « au Père de susciter en nous la volonté d’aller à la rencontre de Jésus, à la rencontre de son Fils ». C’est là, en effet, « la grâce que nous voulons au cours de l’Avent, et nous la demandons : avoir envie de rencontrer Jésus » et donc de « marcher et aller à la rencontre » de Jésus. C’est un temps pour ne pas rester immobile. Notre cœur doit se demander : “Mais comment puis-je aller à la rencontre du Seigneur ? Quelles sont les attitudes que je dois avoir pour rencontrer le Seigneur ?”. Toujours dans la liturgie du jour se trouve une réponse à ces questions : en effet, la collecte « signale trois attitudes : vigilants dans la prière, actifs dans la charité et exultants dans la louange ». C’est-à-dire, « je dois prier, avec vigilance, je dois être actif dans la charité » et avoir « la joie de louer le Seigneur ». En ce qui concerne la charité, François a expliqué que l’on parle de « charité fraternelle » : donc « pas seulement faire l’aumône, mais également tolérer les gens qui m’ennuient, tolérer à la maison les enfants lorsqu’ils font trop de bruit ». En somme, une « charité active ». « C’est ainsi que nous devons vivre ce chemin, cette volonté de rencontrer le Seigneur. Pour bien le rencontrer. Ne pas rester immobiles. Et nous rencontrerons le Seigneur ». Mais au moment de la rencontre, « il y aura une surprise, parce qu’il est le Seigneur des surprises ». Je suis en chemin pour le rencontrer et lui est en chemin pour me rencontrer, et quand nous nous rencontrons, nous voyons que la grande surprise est qu’il me cherche, avant que je ne commence à le chercher ». C’est « la grande surprise de la rencontre avec le Seigneur. Il nous a cherchés avant ». Il est vrai que « notre chemin est important », mais « lui est toujours le premier. Il accomplit son chemin pour nous trouver ». Du reste, « c’est la surprise qu’a eue le centurion ». « Il a trouvé du courage » et est allé à la rencontre du Seigneur. Et « la grande surprise était que le Seigneur voulait aller à lui : “Je viendrai, pour le guérir”«. Cela nous fait comprendre que « le Seigneur va toujours au-delà, il va de l’avant. Nous faisons un pas et lui en fait dix. Toujours ». C’est l’expérience de l’ « abondance de sa grâce, de son amour, de sa tendresse qui ne se lasse pas de nous chercher ». « Notre Dieu est le Dieu des surprises, le Dieu qui nous cherche, qui nous attend, il ne nous demande que le petit pas de la bonne volonté ». Pour cela, nous prions : « Ô Dieu, notre Père, suscite en nous la volonté d’aller de l’avant », parce qu’au Seigneur « suffit » cette volonté. Cela vaut pour chaque aspect de « notre vie ». En effet, certains pourraient dire : « Oh, j’ai ce péché depuis des années, ce péché qui me torture, voilà ma vie, je n’ai jamais raconté cela de ma vie, c’est une plaie que j’ai à l’intérieur, mais comme je voudrais... » : mais déjà ce « comme je voudrais » suffit au Seigneur. En effet, il « donne la grâce que j’arrive au moment de demander le pardon ». Mais « la volonté est le premier pas ». Et l’aide de Dieu « nous accompagnera toute notre vie ». Tant de fois « il verra que nous voulons nous approcher » et il sortira « à notre rencontre ». C’est « la grâce que nous demandons aujourd’hui. “Ô Dieu, notre Père, suscite en nous la volonté d’aller à la rencontre de ton Christ”«, avec « la vigilance dans la prière, charité active et exultants dans la joie ». Ce faisant, « nous rencontrerons le Seigneur et nous aurons une très belle surprise ».

Messe du Pape François à Sainte-Marthe, Lundi, 28 novembre 2016

Commentaire 4

Les trois dimensions du temps de l’Avent
 
Dans l’homélie qu’il a prononcée ce matin en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le Saint-Père a parlé du temps de l’Avent comme l'occasion de prendre soin de son lien personnel avec le Fils de Dieu, par la mémoire, l’espérance, et dans le temps présent.
Ce lundi matin, deuxième jour du temps de l’Avent, le Pape François a expliqué que ce chemin vers Noël est propice « pour purifier l’esprit, pour faire grandir la foi par cette purification ». La réflexion du Souverain Pontife s’articulait autour de l’Évangile du jour, tiré de saint Matthieu (8, 5-11) : la rencontre entre Jésus et le centurion à Capharnaüm, où ce dernier supplie le Seigneur à propos de son serviteur malade.

Le Pape a d’abord fait remarquer qu’on peut, aujourd’hui aussi, « s’habituer à la foi » : alors « nous perdons cette force de la foi, cette nouveauté de la foi qui se renouvelle toujours ». Puis le Saint-Père a décliné les dimensions temporelles de l’Avent.
 
Jésus-Christ au centre de la fête
 
La première dimension est le passé : le temps de l’Avent est celui de « la purification de la mémoire », a expliqué le Pape. Il faut « bien se rappeler que ce n’est pas le sapin de Noël qui est né », mais Jésus-Christ, à Bethléem : « le Rédempteur est né, celui qui vient nous sauver ». « Nous aurons toujours la tentation de mondaniser Noël », a averti le Pape, « quand la fête cesse d’être contemplation, une belle fête de famille avec Jésus au centre », qu’elle « commence à être une fête mondaine : faire les courses, les cadeaux, ceci et cela… », Et alors « le Seigneur reste là, oublié ». Il est donc essentiel de faire mémoire de « ce temps passé, de cette dimension ».
 
Une espérance plus pure
 
L’Avent nous porte aussi vers… l’avant ! Il permet de « purifier l’espérance », selon les mots du Pape. Nous attendons en effet le retour du Seigneur, qui sera vécu par « une rencontre personnelle ». Cette rencontre, « aujourd’hui nous l’aurons dans l’Eucharistie et nous ne pouvons pas avoir une telle rencontre, personnelle avec le Noël d’il y a 2000 ans ».
 
L’attention au Seigneur dans le moment présent
 
Enfin, le Pape François a invité chaque fidèle à prendre soin de sa propre « maison intérieure », malgré les soucis et les préoccupations de la vie quotidienne. L’Avent invite ainsi à l’attention au temps présent, où se manifeste le « Dieu des surprises » par des signes qu’Il nous adresse. « La troisième dimension est plus quotidienne », a déclaré le Saint-Père : « purifier la vigilance ». « Vigilance et prière sont deux mots pour l’Avent », a-t-il poursuivi, « parce que le Seigneur est venu dans l’Histoire à Bethléem, il viendra, à la fin du monde, et aussi à la fin de la vie de chacun d’entre nous. Mais il vient chaque jour, à chaque moment, dans notre cœur, avec l’inspiration de l’Esprit-Saint », a assuré le Pape en conclusion de son homélie

 

Messe du Pape François à Sainte-Marthe, lundi 3 Décembre 2018

Commentaire 5

Jésus avait bien des raisons d'exaucer cet officier romain.

La première est que ce capitaine venait le supplier, non pas pour lui-même, mais pour un autre, un de ces petits, de ces sans grade, de ces hommes simples que Jésus aimait. Un officier de l'armée d'occupation qui faisait preuve d'humanité et de sens social, ce n'était pas courant ! Il avait sûrement réfléchi au cas "Jésus" et s'était fait une idée sur ce prophète galiléen ; pourtant ce n'est pas de ses propres problèmes qu'il vient parler. Il vient simplement dire : "J'ai un serviteur ; il souffre ; il va mourir !" ... un peu comme Marie à Cana : "Ils n'ont plus de vin !"

On est toujours accueilli par Jésus quand on lui apporte une détresse.

Et puis cet homme est un humble ; et cela aussi, cela surtout, a du prix aux yeux de Jésus : "Je ne suis pas digne, dit le centurion, de cet honneur que tu me ferais en descendant chez moi". Il ne se sent pas digne, malgré le poids de son autorité humaine et de sa compétence d'officier, malgré toute l'estime dont on l'entoure à Capharnaüm, malgré toutes les relations qu'il a, lui, l'homme en vue.

Mais ce qui va forcer l'admiration du Christ, c'est, plus encore que son humilité, sa foi, tranquille et audacieuse : "Dis seulement une parole, de loin, de là où tu es, et mon serviteur, là où il est, sera guéri, car les choses doivent t'obéir. Dis seulement une parole, et je m'en irai, sûr de ton action, sûr du pouvoir de ta bonté. Une parole, et la paralysie cessera, la souffrance s'éloignera !".

Ce Romain, cet étranger, a pressenti quelque chose du secret de Jésus. Avec ses mots à lui, il exprime le mystère de la parole créatrice et recréatrice : "Dieu parle, et cela est ; il commande, et cela existe" (Ps 33,9). Cette théologie des Psaumes, le centurion, inconsciemment, la transpose dans son langage de militaire : "Moi qui ne suis qu'un subalterne, j'ai un pouvoir que personne ne conteste, parce qu'il vient de plus haut. Je dis au planton : 'fais cette course', et il la fait. Je dis à un lieutenant : 'voici ta mission', et il l'exécute ! Dès lors, toi, le prophète de Galilée, qui œuvres avec la force de Dieu lui-même, toi à qui aucun homme ne peut rien imposer, je sais que tu peux commander à la souffrance et à la mort".

Cette foi, Jésus ne l'a pas trouvée chez les siens, chez les familiers du Temple et de la prière, chez les ha­bitués du Dieu fidèle. Il l'a trouvée chez un étranger, venu de l'occident, avec, pour toute richesse spirituelle, sa droiture d'homme. Mais cet homme a su aller d'emblée jusqu'au bout dans la logique de sa foi naissante. C'était tellement beau, tellement grand, tellement vrai, ce qu'il savait déjà de Jésus ! Il n'a pas demandé de délai pour s'ha­bituer aux merveilles de Dieu. Il est allé au-devant des merveilles, avec le cœur d'un pauvre qui pensait n'y avoir pas droit.

Dans quelques instants, avant de communier au Corps et au Sang du Christ, l'Église nous fera redire pour nous-mêmes la prière du centurion : "Dis seulement une parole, et je serai guéri(e)".

Je ne suis pas digne que tu viennes ; je ne suis même pas digne de venir vers toi. Si je regarde à la dignité, Seigneur, il n'y aura jamais de rencontre. Que ta parole abolisse toute distance. Un mot, un mot seulement, un mot de toi, de là où tu es ! un mot pour moi, un mot pour ma communauté, un mot pour l'Église en ce lieu, et la vie, de nouveau, fera son œuvre. 

 

Méditer avec les Carmes